SAE 4.01: Economie écologique

Chapitre 3: Actions et politiques de transitions

Thomas Delcey

thomas.delcey@u-bourgogne.fr

Université de Bourgogne

Plan

Définir le problème politique
Quels instruments politiques ?
Une transition juste.

Définir le problème politique

La tragédie des communs

Classification des biens d’Ostrom (1977)

	Excluabilité Faible	Excluabilité Forte
Rivalité Forte	Biens Communs	Biens Privés
Rivalité Faible	Biens Publics	Biens de Club

Rivalité et excluabilité

Un bien rival est un bien dont la consommation réduit la consommation disponible pour un autre agent économique. Un bien excluable est un bien pour lequel il est possible de limiter sa consommation.

Ostrom V. et E. Ostrom, 1977, « Public Goods and Public Choices », in Alternatives for Delivering Public Services: Toward Improved Performance, ed. Emanuel S. Savas, 7-49. Boulder, CO: Westview Press.
Un bien rival est un bien dont la consommation réduit la consommation disponible pour un autre agent économique. A l’inverse, un bien non rival ou avec une rivalité faible, ne réduit pas ou faiblement, la consommation disponible pour les autres agents économiques.
Un bien excluable est un bien pour lequel il est possible de limiter sa consommation (en mettant un prix d’abonnement, ou une obligation d’inscription, etc.).
Un bien privé est un bien à la fois rival et excluable, c’est le bien le plus commun:: vêtement, nourriture, appartement etc.
Un bien public est un bien non rival et non excluable : éclairage public, les logiciels open-sources. Ce sont souvent, mais pas que, des biens gérés par l’Etat: la défense et sécurité nationale, la justice, l’éducation et la recherche fondamentale, les infrastructures routières et l’éclairages.
Un bien de club est un bien non rival mais excluable : netflix

Bien préciser que cette classification n’est pas absolu, la rivalité et l’excluabilité sont des différences de degré par de nature.

Bien communs

Les biens communs

Les biens publics sont rivaux et non-excluables. La notion s’est élargie pour désigner des biens gérés collectivement par des communautés. Ils ne sont ni soumis à la propriété privée, ni à la propriété publique.

La notion a pris une importance considérable avec la crise écologique car elle permet de désigner une grande partie des ressources naturelles de la planète.
- Ces dernières sont en quantités limitées (rivalité) …
- … mais n’immporte qui peut se les approprier (non-excluabilité) ;

Le dilemme du prisonnier

\[ \begin{array}{c|c|c} & \text{Prisonnier B se tait} & \text{Prisonnier B dénonce} \\ \hline \text{Prisonnier A se tait} & (-0.5, - 0.5) & (-10,0) \\ \text{Prisonnier A dénonce} & (0,-10) & (-5,-5) \\ \end{array} \]

Le dilemme du prisonnier

\[ \begin{array}{c|c} & \text{Prisonnier B se tait} & ... \\ \hline \text{Prisonnier A se tait} & (-0.5, - 0.5) & ... \\ \text{Prisonnier A dénonce} & (0,-10) & ... \\ \end{array} \]

Si B se tait, il est préférable pour A de dénoncer (\(0 > -0.5\)) ;

Le dilemme du prisonnier

\[ \begin{array}{c|c|c} & ... & \text{Prisonnier B dénonce} \\ \hline \text{Prisonnier A se tait} & ... & (-10,0) \\ \text{Prisonnier A dénonce} & ... & (-5,-5) \\ \end{array} \]

Si B dénonce, il est préférable pour A de dénoncer (\(-5 > -10\)) ;

Le dilemme du prisonnier

\[ \begin{array}{c|c} & \text{Prisonnier B se tait} & \text{Prisonnier B dénonce} \\ \hline \text{Prisonnier A se tait} & (-0.5, - 0.5) & (-10,0) \\ \text{Prisonnier A dénonce} & (0,-10) & (-5,-5) \\ \end{array} \]

Quelque soit le choix de B, il est préférable pour A de dénoncer et symétriquement.
Malgré l’intérêt collectif de coopérer, les individus ont un intérêt individuel à agir de manière égoïste.

La tragédie des communs

“[L]e gardien de troupeau rationnel conclut que la seule solution raisonnable est d’ajouter un autre animal à son troupeau. Et encore un autre ; et encore un autre un autre…. Mais c’est la conclusion de chaque éleveur rationnel partageant un bien commun. C’est là la tragédie.”

L’écologue américain George Hardin (1915-2003)

La « tragédie des communs » désigne le phénomène de surexploitations des biens communs. Si une ressource est en libre accès (faible excluabilité du bien), des agents en compétition vont être rationnellement incités à surexploiter cette ressource.
Exemple de la surpêche de la vidéo ou de éleveur par George Hardin: pécher a un bénéfice et un coût pour le pécheur. Le bénéfice est qu’il peut augmenter ses ventes individuelles, le coût est une surexploitation des mers, qui va l’affecter lui et les autres éleveurs, voir les générations futures. C’est par ce que le bénéfice est individuel et le coût est collectif qu’une surexploitation se produit.
Phénomène rationnel d’un point de vu individuel et irrationnel d’un point de vu collectif.

Source image: Wikipedia

Le malthusianisme

“Si elle n’est pas freinée, la population s’accroît en progression géométrique. Les subsistances ne s’accroissent qu’en progression arithmétique… Les effets de ces deux pouvoirs inégaux doivent être maintenus en équilibre par le moyen de cette loi de la nature qui fait de la nourriture une nécessité vitale pour l’homme.”

L’économiste anglais Thomas Malthus (1766-1834)

Source image: Wikipedia

Le Malthusianisme provient de la pensée de Thomas Malthus, un économiste britannique du 19ème siècle.

‘Il est simple : « la population progresse plus vite que les subsistances » ce qui engendre un « déséquilibre croissant ». Il part d’un constat pour lui évident qui est que les surfaces cultivables s’additionnent alors que les bouches à nourrir se multiplient. En langage de son époque, il dit que les subsistances augmentent de façon “arithmétique” et les besoins de façon “géométrique”. En langage moderne, on parle dans le premier cas d’évolution “linéaire” et dans le deuxième d’évolution “exponentielle”’ (source: économie.gouv.fr).

Le principe malthusien vise à se contraindre individuellement à ne pas faire d’enfant et ne pas verser de l’argent aux pauvres, etc.
Trop nombreux pourquoi ? Les émissions augmentent dans les pays où la population stagne.
Le principal problème est notre mode de consommation et les inégalités entre pollueurs.

La gestion des communs

“Nous avons constaté que les utilisateurs avaient créé des règles de délimitation pour déterminer qui pouvait utiliser la ressource, des règles de choix relatives à l’emplacement du flux d’unités de ressources, ainsi que des formes actives de surveillance et de sanction locale des contrevenants aux règles”